Baskın Oran

Cenevre, Tribune de Geneve Gazetesi ile Röportaj

-Y a-t-il un rapport de cause à effet entre la guerre que mène actuellement la Turquie contre la guérilla kurde en Irak et l’identité nationale turque? Si oui, le(s)quel(s) ?

Oui. Le PKK defend, et a main armee, une identite ethnique kurde bien distincte, tandis que l’identite turque met l’accent sur une identite ethnique turque ou au moins sur une identite subjective qui se reclame etre turque (“Heureux qui dit: Je suis un Turc”- M.K. Atatürk). C’est la guerre des deux identites nationalistes.

-En quoi l’obsession de la défense de l’intégrité territoriale turque et l’obsession de la défense de l’identité turque sont-elles indissociables ?

« L’integrite indivisible de la nation » est une assertion etrangere a l’Europe car une nation indivisible revient a dire que l’Etat refuse de reconnaître les infra-identites (identites des minorites, etc.), ce qui revient a dire que la democratie n’existe pas. Mais la defense de « l’integrite indivisible territoriale » est une « obsession » facile a comprendre pour tous pays. En avec-vous jamais vu, a part la Tchekoslovakie ou les parties avaient d’autres chats a fouetter, un qui veuille se diviser ?

Ceci dit, le cas turc est beaucoup plus accentue. D’abord, la Turquie contemporaine n’est qu’une portion minime de ce qu’etait l’Empire ottoman. Puis, pour des raisons multiples le pays est en proie a la Paranoia de Sevres qui crie au loup : 1) « Les Islamistes vont nous faire couvrir la tete ! » ; 2) « Les Kurdes et les imperialistes vont encore diviser notre pays ! ».

-Pouvez-vous nous expliquer cette « paranoïa du traité de Sèvres » ?

Sevres 1920 etait le traite impitoyable impose par les imperialismes Anglais et Français pour demembrer l’Empire ottoman. Il etait d’une vehemence incomparable. A ce point que, non seulement il est reste caduc (non-applique) mais il a aussi dialectiquement cree les conditions de la guerre d’independance qui a cree la Turquie moderne (1923).

La psychologie sociale nefaste construite par ce traite est restructuree a partir de la fin de 2004, et en crescendo. Raisons: 1) Reaction a la globalization, symbolisee par l’Union Europeenne (reactions aux reformes tres radicales effectues en hate entre 2001-2004 en vue de la candidature). 2) Reaction a la renaissance islamique. 3) Raison principale: une peur bleue des trois zombies: l’İslam, la question armenienne, la question kurde. Depuis 1915 nulle solution n’a ete apportee a ces problemes principales de la Turquie. Maintenant ils sortent du placard tous en meme temps. 4) Enfin, la crainte des elites kemalistes soucieux de garder leurs privileges, extremement paniques devant l’interpretation contemporaine du fameux dicton d’Atatürk: “Notre but est d’atteindre le niveau de la civilisation contemporaine”. Pour eux ce niveau reste malheureusement celui de l’Europe des 1920 ve 30.

Pourtant, et tres dialectiquement, les reformes pluralistes des 2001-2004 ne sont que la mise a jour des reformes kemalistes des annees monistes 20 ve 30. -Concernant les 12 millions de Kurdes de Turquie, des droits culturels leur ont été accordés mais ils restent limités : l’Etat turc estime-t-il qu’accorder des droits spécifiques aux Kurdes constitue une menace pour son intégrité?

Oui. Malheureusement. Les kemalistes d’aujourd’hui ne sont pas aussi contemporaines que les kemalistes des annees 20 et 30.

– Les autres minorités ethniques et religieuses sont-elles confrontées aux mêmes difficultés que les Kurdes ? Sont-elles également considérées comme des ennemis potentiels de l’Etat ?

Exactement. L’Etat turc est tres egalitaire: Il aneantit tout infra-identite confrontant l’identite “turque”, et sans discrimination. Mais qe’est-ce que c’est que l’identite turque?

L’identite turque n’est pas seulement ethnique. Elle est aussi religieuse malgre le caractere tres laic de la Republique. Turc veut dire Turc-Musulman. Ouvrez le Petit Larousse Illustre: “Se faire Turc=Devenir Musulman. Dans les Balkans et le Moyen Orient l’identite nationale se definit surtout par la religion et meme par la confession. C’est pourquoi l’Etat turc est aussi severe contre les non-Musulmans non-armes que contre les Kurdes armes, bien que les premiers soient tres bien proteges par le Traite de Lausanne de 1923, articles 37-44. Un Turc blanc (WASP) est un LAHASUMUT=HAnefi, SUnni, MUsulman, Turc, a condition d’etre LAic.

Cette definition aujourd’hui reflete tres fidelement la mentalite du “Systeme de Millet” de 1454 (ici, “millet” veut dire “communaute religieuse” et non pas “nation”) qui divisait la societe ottomane en deux: “Millet-i Hakime” (nation dominante, les Musulmans) et “Millet-i Mahkume” (nations dominees, les non-Musulmans). D’ou, le meutre de H.Dink et des autres non-Musulmans.

-Quelle solution proposez-vous pour que la Turquie règle ses problèmes d’identité ?

1) Il faut que les citoyens puissent devoiler leurs infra-identites sans aucune crainte: kurde, non-musulman, etc. Ces libertes ne doivent pas comprendre que les Kurdes. 2) Cela faisant, il ne faut pas toucher aux symboles: l’Etat unitaire, l’hymne national, le nom du pays, la langue officielle, etc. Car “battre le vigneron” est au detriment de “manger le raisin”. 3) Pour resoudre le probleme kurde il faut: a) Ouvrir simultanement deux paquets sans attendre que la terreur PKK se termine: economique et culturel; b) Declarer une amnestie generale dans le sens que toute penalisation sera poursuivie d’un sursis.

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