Baskın Oran

Je pense que nous avons atteint un moment clef dans l’histoire de la démocratie turque

Je pense que nous avons atteint un moment clef dans l’histoire de la démocratie turque », estime le candidat indépendant, Baskin Oran.

Si l’enjeu des prochaines élections législatives a provoqué des recompositions partisanes dont le « Blog de l’OVIPOT » a eu l’occasion de rendre compte précédemment, il a suscité surtout pas mal de remue-ménage dans les candidatures. Les grands partis politiques ont certes cherché à renouveler leur personnel politique mais ce renouvellement se fait aussi en dehors des grandes formations avec la présence d’un nombre très important de candidats indépendants. Rencontre avec l’un d’entre eux, particulièrement en vue à Istanbul, Baskin Oran, candidat dans la 2ème circonscription…

Question : Baskin Oran, la Turquie vient de vivre une crise politique et constitutionnelle, qui n’est pas encore achevée d’ailleurs. Quelle analyse, quel bilan faites-vous de la situation actuelle à trois semaines des élections ?
Baskin Oran : Il y a eu une mise en cause importante du droit constitutionnel : il aurait suffi de 184 votes pour élire le Président, ils ont dit que ce nombre devait être de 367. Tout système qui va jusqu’à l’absurde se détruit. Pourquoi ont-ils fait ça ? Parce qu’ils ne veulent pas d’un président dont la femme est voilée. Les autres avaient en tête de changer la Constitution pour clarifier la situation. Il suffit de 184 voix pour tenir la séance… mais les choses n’ont pas tourné ainsi et ils n’ont pas pu changer la Constitution. Maintenant, tous ont sur les bras un enfant non désiré. Une fois élus au Parlement, il faudra qu’on se débrouille avec cette incohérence.

Question : Vous voulez dire que le risque c’est qu’on ait des difficultés pour élire le Président ?
B.O. : Le Président de l’Assemblée, le Président de la République… Et comment va-t-on obtenir le consensus nécessaire et qui va changer la Constitution ? Je ne sais pas. Il nous faut mobiliser des spécialistes de droit constitutionnel pour sortir de cette impasse. Il faut coûte que coûte que nous fassions une constitution civile mais avec cet enfant sur les bras, je ne sais pas du tout comment on pourra le faire.

Question : Après la crise constitutionnelle actuelle, quel scénario voyez-vous pour le 22 juillet ?
B.O. : Quel va être le tableau le 23, vous voulez dire ? Je ne suis pas un expert en la matière mais les journaux et les sondages pensent qu’il y aura trois partis représentés au parlement. Ils voient l’AKP à 40%, le CHP à plus de 20% et le MHP à un peu plus de 10%. Ce à quoi, il faut ajouter bien sûr le DTP (entre 20 et 30 députés), parce que les gens du DTP formeront également un groupe tout de suite avec quelques indépendants et dépendants, puisqu’il y a des « indépendants-dépendants » et des « indépendants-indépendants ». Je fais partie du 2e groupe bien sûr.

Question : Justement, à propos de votre candidature, est-ce qu’on pourrait avoir votre opinion sur ces candidatures indépendantes et sur les différentes classifications que vous faites ?
B.O. : Ce que j’appelle « indépendants-dépendants », ce sont les gens du DTP. Ils ont été forcés de détourner le système car le système ne leur permettait pas de se présenter au Parlement. C’est très important pour eux, mais c’est encore plus important pour le système lui-même, parce que la Turquie ne peut pas continuer à vivre sans que des Kurdes soient représentés au Parlement. Vous pouvez détourner le cours d’un fleuve mais vous ne pouvez pas l’arrêter. Donc il faut qu’ils montent au Parlement pour qu’ils ne montent pas à la montagne, ça c’est sûr. C’est pour cette raison que la représentation des Kurdes est indispensable pour l’existence de la Turquie. Donc les gens du DTP ont été obligés de prendre la voie des candidatures indépendantes pour contourner le système et le barrage des 10%.

Question : Et pour « les indépendants-indépendants » ?
B.O. : En ce qui concerne les « indépendants-indépendants », je ne peux parler ici que de moi-même bien sûr. Je dirai que je suis le fruit d’un phénomène tout à fait nouveau en Turquie, la société civile. L’émergence d’une société civile a été aidée par les réformes faites dans la perspective de l’adhésion à l’Union Européenne entre 2001 et 2004. Maintenant, cette instance veut une place au soleil. Moi j’ai toujours été un universitaire et je n’ai jamais été autre chose que cela, excepté pendant les 9 années au total où j’ai été congédié de l’Université et pendant lesquelles j’ai dû faire des métiers de toute sorte. Mais, bon, c’était une autre époque ! En fait, la politique m’est étrangère. Mais, alors comment se fait-il, me direz-vous, que je sois maintenant candidat aux élections législatives ? Je pense que nous avons atteint un moment clef dans l’histoire de la démocratie turque. D’un côté, les gens « en ont marre » du système actuel et des partis politiques. Ils veulent s’exprimer. D’un autre côté, certains groupes, certaines classes, ont commencé à parler. Je citerai, à cet égard, un exemple qui remonte à un an à peine. C’est celui du directeur général d’une institution d’État qui a pris sa retraite du ministère après 25 ans de service. Il a fait une conférence de presse et a déclaré qu’il était « çingene » (tzigane). Il a dit : « je n’ai jamais fait état de mon identité de « çingene » pendant 25 ans, et maintenant que je suis à la retraite, je la déclare ». Il s’agit d’un exemple tout à fait représentatif de cette libération de la parole. Les deux phénomènes mis ensemble expliquent ce moment tout à fait exceptionnel dans l’histoire de la démocratie turque que nous vivons aujourd’hui. Maintenant, c’est le moment ou jamais ! On n’aurait pas pu faire cela lors des précédentes élections de 2002.

Question : À quoi est due cette évolution ?
B.O. : D’une part, sur le plan juridique, c’est le résultat des réformes conduites en vue de la candidature à l’UE entre 2001 et 2004. D’autre part, concrètement, c’est l’aboutissement d’un processus social. À un moment donné, si vous élevez la température de l’eau d’un seul degré, elle change de nature.

Question : Vous pensez donc qu’au-delà même des réformes européennes, il y a une mutation profonde de la société turque ?
B.O. : Mais bien sûr, ce ne sont pas seulement les dynamiques externes qui marchent. Les dynamiques externes ne font qu’accélérer les choses. Il faut que les dynamiques internes, c’est-à-dire la société civile, se développent. On ne peut pas exporter la démocratie. Si quelqu’un vous dit qu’il peut exporter la démocratie, c’est de l’impérialisme. En revanche, on peut importer la démocratie. L’importateur, c’est l’intelligentsia. Cette intelligentsia, cette société civile, s’est développée en Turquie. Même si tout est encore loin d’être parfait, elle existe. Et je suis aujourd’hui son totem. Si j’ai été choisi, c’est parce que je n’ai jamais été membre d’un parti et que j’ai toujours été considéré comme indépendant, que ce soit à l’égard des idées, des hommes ou des classes… J’ai donc accepté. J’ai pris cela comme un devoir social.

Question : Quel regard portez-vous sur la législature de l’AKP, sur son action au gouvernement ?
B.O. : Ce bilan n’est pas vraiment surprenant. Il faut revenir en fait sur les « dinci » (islamistes) et sur la confrontation entre « laikçi » et « dinci ». Les « dinci » sont une classe qui monte. Les classes qui montent sont toujours de gauche. Du temps de Louis XIV, la Bourgeoisie, Mr Jourdain, étaient de gauche. Ceux qui étaient de droite se moquaient de lui. Maintenant, nous nous moquons des femmes voilées qui font du jogging. C’est la même chose. Quand une classe émerge, c’est normal que cette classe apporte des choses nouvelles et des progrès. Une classe qui ne monte pas ne peut pas le faire. Le « Refah Partisi » de Necmettin Erbakan n’aurait pas pu faire ça, parce qu’il était le symbole de la classe qui stagnait alors que Tayyip Erdogan est le symbole de la rupture du « statu quo ». C’est donc normal que nos bourgeois et nos intellectuels votent pour l’AKP. Mais c’est naturel aussi que l’AKP fasse des zigzags. Parfois le 1er ministre dit qu’il est d’accord avec nous pour remplacer l’ethnie par le territoire symbolisant une supra-identité et, le lendemain, il dit qu’il ne veut pas parler à des « chefs de tribus ». L’AKP fait des zigzags et le fait qu’ils soient issus de petites villes où la religion est toujours dominante fait qu’ils respecteront toujours la religion mieux que nous, mais ils seront plus libres. La Turquie sera plus religieuse mais plus libre, en somme.

Question : Et pour vous, quel serait le scénario idéal, le scénario le plus favorable à la démocratie et à l’État de droit compte tenu de ce que sont les forces politiques actuelles ?
B.O. : Je préférerais évidemment qu’il y ait au Parlement beaucoup d’indépendants-indépendants. Moi, j’ai beaucoup de chances d’être élu parce que des centaines de militants travaillent pour moi. Beaucoup de gens me disent qu’ils regrettent que je ne me présente pas dans leur circonscription car actuellement ils ne savent pas pour qui voter, et ceux de la 2e circonscription me remercient parce que sinon ils ne sauraient pas pour qui voter.

Question : Revenons sur le mode de scrutin à l’heure actuelle, vous nous avez présenté la stratégie des candidats indépendants, mais sur le mode de scrutin quelle est votre opinion ? Est-il satisfaisant ou à transformer, et pourquoi ?
B.O. : Ce barrage de 10% est incroyable. Tout à fait incroyable ! Remarquez, il existe en Grèce des choses comparables tout aussi incroyables : un barrage de 3%, l’exclusion des indépendants. Là-bas, ils ont fait ça pour que la minorité turco-musulmane de Thrace ne soit pas représentée au Parlement, pour que ses représentants soient obligés de rejoindre d’autres partis et qu’ils y soient en quelque sorte noyés . Pour nous, après les élections, je pense que la barre sera réduite de moitié, à 5% ou peut-être à 4% je ne sais pas…

Question : Quelles sont les conditions pour qu’un indépendant comme vous soit élu au Parlement ?
B.O. : Il n’y a pas de barrage pour les indépendants. D’après les calculs objectifs des experts, pour que je sois élu, il me suffit d’obtenir 65 000 votes sur les 2 millions de votants que compte la 2ème circonscription d’Istanbul où au total 21 députés sont à élire.

Question : Auteur d’un important ouvrage universitaire en la matière, vous êtes un spécialiste de la politique étrangère turque, donc je présume que vous avez dû suivre l’évolution récente des relations de la Turquie avec l’Union Européenne. Comment voyez-vous la candidature turque dans les prochains mois ?
B.O. : Je suis inquiet, à cause d’une part de notre « paranoïa de Sèvres » mais aussi de votre « islamophobie » (en Europe). Il n’est pas possible que l’UE accepte la Turquie avant que cette paranoïa passe.

Question : Qu’est ce que vous entendez par « paranoïa de Sèvres » ?
B.O. : Je veux parler bien sûr du traité de Sèvres de 1920 qui a démantelé l’Empire ottoman. Aujourd’hui, ceux que j’appelle « les paranoïaques » pensent que les mêmes États qui nous ont démantelés en 1920 essayent de le faire à nouveau. Pour eux, l’UE est impérialiste, autant que peuvent l’être les Etats-Unis et, dans le même temps, la patrie est aussi sous la menace de la Charia (loi islamique). Ils considèrent que ces deux aspects sont conjoints : nous serons démantelés politiquement et la Charia viendra. D’où vient une telle paranoïa ? De deux choses. Premièrement il y a au sein de la population une peur que les élites kémalistes essayent d’attiser. Au niveau populaire, cette peur a deux causes. Une cause internationale d’abord : la réaction à la globalisation. Vous avez un bouleversement de l’infrastructure qui fait que tout ce qui a rapport aux superstructures change. Parallèlement à cette peur de la globalisation, il faut mentionner les erreurs commises par les hommes politiques de l’UE qui passent leur temps à rajouter des conditions à l’entrée de la Turquie dans l’UE, comme la question de Chypre ou le débat autour du terme de génocide. La deuxième cause de la « paranoïa de Sèvres » pour le peuple, ce sont les « cadavres dans le placard » : l’affaire chypriote, l’affaire arménienne, l’affaire de l’islam et l’affaire kurde. Selon une célèbre expression turque, nous avons tout poussé sous le tapis, et ça commence à sentir…. Il y a aussi les élites kémalistes qui « pulvérisent » la peur de haut en bas. L’illustration la plus récente de cette « pulvérisation » sont les « Cumhuriyet mitingleri » (meetings laïques à Ankara, Istanbul, Izmir). Ceux qui ont organisé ces meetings voulaient faire peur au peuple, aux femmes surtout.

Question : La mobilisation des femmes était pourtant réelle et sincère, non ?
B.O. : Force est de constater que ceux qui ont organisé ces meetings ont contribué dialectiquement à la démocratie. Les femmes, qui sont sorties dans la rue pour la première fois de leur vie, sont les mères qui hier interdisaient à leur fils de manifester. Une fois dans la rue, elles sont en quelque sorte devenues complices de leurs enfants Bien sûr, elles n’avaient pas peur d’être gazées ou matraquées car c’était en accord avec le kémalisme. Et pour cette raison, elles n’ont pas eu de sympathies pour ceux qui ont été gazés et matraqués le 1er mai. Mais l’important c’est qu’elles ont été complices de ceux qui sortent dans la rue, c’est déjà une forme de mobilisation. Dans « Au Nom de la Rose » (le roman d’Umberto Ecco), on tue les prêtres pour empêcher que le livre comique d’Aristophane ne soit lu. Quand vous riez, quand vous criez, quand vous sortez de votre coquille, vous n’avez plus peur. Au bout d’un certain temps, la peur finit par disparaître. Cela n’est pas possible dans le silence. Vous savez, c’est comme ces gens qui sifflent pour se rassurer quand ils traversent un cimetière. Finalement, ces « Cumhuriyet mitingleri » ne serviront peut-être pas la cause de ceux qui les ont organisés…

Question : A l’heure actuelle, sur ce qui se passe en Irak du nord, il y a beaucoup de débats autour d’une éventuelle intervention de l’armée turque. Est-ce que cette hypothèse vous paraît possible ?
B.O. : Non, l’idée de cette intervention est à usage interne. Il n’y aura pas d’intervention effectuée dans le territoire kurde irakien, peut être un bombardement de la montagne… Mais, vous savez, il faut traverser 250 km de territoire ennemi pour arriver jusqu’à la montagne. Vous avez besoin de 50 000 hommes pour le maîtriser, et quand vous serez arrivés sur l’objectif, ils seront déjà partis ailleurs. L’armée turque sait bien tout cela, elle n’en parle que pour affaiblir le gouvernement islamiste. Ils l’ont peut-être fait aussi pour obtenir l’annulation des élections, mais je pense maintenant que c’est trop tard.

Question : Donc vous pensez que les élections se dérouleront normalement… Mais toujours en tant que spécialiste de relations internationales, que pensez-vous d’un éventuel rapprochement de la Turquie avec la Russie ou la Chine, dont on parle beaucoup aussi actuellement?
B.O. : Et pourquoi pas avec le Tibet ? Non ça c’est absurde et c’est encore une forme de rejet de l’UE. Il y a, en fait, deux sortes de gens qui ne veulent pas d’une adhésion à l’UE. Premièrement, ceux qui interprètent l’anti-impérialisme comme nous l’avons interprété dans les années 60, et pire encore l’extrême gauche qui s’enferme dans son ghetto. Elle considère la classe ouvrière et les Kurdes comme les seuls groupes exclus. Elle n’a jamais entendu parler des nouvelles forces qui ont fait apparition après les années 70 et 80, c’est-à-dire après la période où nous avons été, en tant que gauche, anéantis par deux coups d’Etat successifs, 1971 et 1980. En fait, il y a aujourd’hui d’un côté, ce que j’appellerai une « gauche classique », qui suit le principe suivant : « que ce soit petit mais que ce soit le mien ». Et de l’autre, la gauche que je représente, une gauche contemporaine qui embrasse toutes les causes nouvelles : les homosexuels, les alévis, la lutte contre le travail des enfants, les femmes (parce que chaque classe opprimée et exclue bat sa femme), les féministes. En somme les groupes qui permettent l’émergence d’une société civile dans ce pays. Ce sont des groupes d’exclus dont la gauche doit s’occuper. Mais la « gauche classique » n’a pas l’intention de le faire, elle ne voit que les classes populaires et les Kurdes comme classes opprimées. Moi j’ai beaucoup de mal avec les représentants de « la gauche classique » car tous leurs beaux discours, c’est du « par cœur » qu’ils rabâchent depuis des années. Nous voulons certes dénoncer le « par-cœur » de ceux qui sont contre nous mais le plus important c’est aussi d’en finir avec le « par-cœur » de ceux qui sont avec nous. Par ailleurs, à côté de « la gauche classique », le deuxième groupe qui refuse l’UE est constitué de ceux qui refusent la démocratie en Turquie. Ils ne peuvent pas le dire ouvertement mais quand les principes de l’UE seront appliqués en Turquie, ce sera la démocratie. Et ils ne veulent pas de ça.

Question : Vous pensez que toute cette invocation d’une Turquie tournée vers un 3e monde relève plus de l’argumentation politique interne que de la réalité ?
B.O. : Écoutez… la Russie est entrée au FMI en 1987, la Chine est entrée à l’OMC. Cela signifie qu’aujourd’hui il n’existe pas d’autre système que le capitalisme. Et même, à l’apogée de l’Union Soviétique il n’y avait en fait qu’un seul système mondial…

Question : Et pour compléter ce tableau de la Turquie comme puissance régionale : dans ses relations avec ses voisins, comment voyez-vous la montée en force de l’Iran ?
B.O. : L’Iran ne monte pas en force, mais descend en force. Ceci étant, l’Iran ne disparaîtra jamais. Tous les États qui entourent la Turquie sont des nouveaux États, à l’exception d’un seul : l’Iran. Et la frontière turco-iranienne date de 1639. Donc il y a deux États importants au Moyen-Orient : l’Iran et la Turquie. À l’origine, l’Empire ottoman était un État territorial. Parmi les groupes religieux et ethniques de cet empire, il n’y en avait pas un seul qui s’appelait « ottoman ». « Ottoman », c’est le nom d’une dynastie qui a donné son nom à la supra-identité territoriale. En Iran, c’est la même chose : il n’y a pas de groupe qui s’appelle « Iran », le nom « Iran » est territorial. Tandis que la Turquie contemporaine, elle, porte le nom des Turcs, un groupe ethno-religieux. C’est pourquoi la Turquie a besoin aussi de représentants des Kurdes dans son Parlement. Il faut que nous passions de « Turcs » à « de Turquie ». Par exemple, en France, il n’y a pas de groupe ethno-religieux qui s’appelle « Francs », les Francs étaient des tribus germaniques. La supra-identité incarnée par le concept de « Français » est tout à fait territoriale. Il faut que nous fassions cette transition pour que la Turquie puisse affronter les défis à venir.
(Propos recueillis le 29 juin 2007 et mis en forme par Jean Marcou, Marine Copin et Saadet Coskun)

Önceki Yazı
Sonraki Yazı